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La formation linguistique au service d'une "infrastructure critique"
29 DÉCEMBRE 2025
Trois quarts des organisations considèrent désormais les compétences linguistiques comme essentielles. Du discours aux actes : seul un tiers d’entre elles proposent aujourd’hui une formation structurée. Ce paradoxe dit tout : la formation linguistique ne serait pas un « plus », mais elle serait directement au service d'une infrastructure invisible qui conditionne, par exemple, la performance de la relation client ou la croissance internationale. Le dernier rapport « Speak for Business » publié par le Corporate Learning Network revient sur cette notion pour mettre en évidence le basculement stratégique en cours.

Le paradoxe du multilinguisme

74 % des organisations estiment les compétences multilingues importantes, alors que 67 % ne proposent pas encore de programme formel de formation linguistique. Le sujet n’est donc plus à la prise de conscience, mais à l’action dans un contexte mondialisé de communication asynchrone, d'équipes dispersées, de projets transnationaux ou d'hybridation des organisations… La langue devenue facteur de risque business alors que montent en puissance l'expansion internationale, la demande d'excellence de la relation client, la collaboration interculturelle et la nécessaire fidélisation des talents. Le constat du rapport « Speak for Business » (Corporate Learning Networkest) sans appel : là où des formations structurées existent, les bénéfices suivent : meilleure expérience client, collaboration renforcée entre équipes globales, engagement accru en réunion internationale, progression interne et mobilité facilitée. Les organisations dotées d’un tel dispositif de formation parlent d’un effet « système nerveux » : quand les mots circulent, tout circule — les décisions, la compréhension, la confiance. Mais les freins existent, notamment des budgets contraints et une réelle difficulté à prouver la rentabilité de leurs investissements. Ces obstacles, qui valent pour la plupart des domaines de formation, sont encore plus difficiles à surmonter par les formations linguistiques, trop souvent encore remisées dans la catégorie « développement personnel ». En creux, le message est simple : le multilinguisme n’est plus une affaire d’individus motivés, c’est une capacité organisationnelle.

De l’avantage concurrentiel du multilinguisme

Le rapport insiste, en effet, sur des impacts directs et mesurables. Florilège : dans la relation client, l’habileté à répondre dans la langue du client améliore nettement la satisfaction, la fidélisation et la fluidité de l’échange ; les entreprises interrogées citent également des gains en onboarding, en efficacité commerciale et en réduction des erreurs ; les équipes multilingues collaborent mieux et décident plus vite… Les réunions internationales peuvent même devenir de véritables exercices d’intelligence collective ! La mobilité interne est stimulée : les talents qui maîtrisent plusieurs langues accèdent plus vite à des rôles élargis ou internationaux, alimentant un vivier managérial plus solide. Même type d'effet sur l'inclusion, induit par des formes variées : respect de la langue d’origine, sécurité psychologique, clarté des attentes, confiance dans le management. Ces bénéfices convergent à faire de la langue un accélérateur d’exécution. On retiendra que le rapport cite des analyses qui évaluent un bénéfice potentiel supérieur à 300 %, avec un impact particulièrement marqué dans les équipes commerciales et dans l’expansion internationale. Quand elle est traitée comme une priorité stratégique, la formation linguistique rapporte donc, et vite.

Un retard explicable, mais à combler rapidement

Pourquoi les dispositifs de formation linguistique restent-ils sous-dimensionnés ? Le premier frein est budgétaire. En contexte économique tendu, ce domaine se retrouve en concurrence directe avec la transformation numérique, la montée en compétences techniques ou les obligations réglementaires. Ce frein est certes partiellement neutralisé dans les entreprises françaises grâce au financement possible des formations linguistiques via le CPF, mais ce dispositif reste loin de suffire au financement des besoins. Deuxième frein : la mesure d’impact. Les compétences linguistiques sont moins faciles à convertir en indicateurs business que la productivité ou la performance commerciale. Pourtant, le rapport décrit des pistes très concrètes : suivi de la mobilité interne après formation, analyse des taux de rétention, mesure des gains de satisfaction client, réduction du recours à la traduction externe, corrélation entre progression linguistique et réussite de projets internationaux. Les compétences linguistiques ont beau n'être pas seules contributrices aux impacts mesurables dans ces différents champs, il reste possible d’en isoler les effets pourvu qu'on décide de s'y pencher sérieusement. Troisième frein : des méthodes traditionnelles encore peu engageantes, peu personnalisées, longues et déconnectées du réel parce que, parfois encore, inspirées des formations linguistiques délivrées dans l’enseignement. On peut attendre que les solutions dopées à l’intelligence artificielle changent rapidement la donne : elles permettent un apprentissage contextualisé, en situation réelle, piloté par la donnée. La langue cesse d’être une promesse et devient une compétence observable, mesurable, pilotable.

De la compétence linguistique individuelle à l’infrastructure stratégique

Le rapport défend une idée forte : la langue devient une « infrastructure critique » de l’organisation globale. Non plus une option offerte à quelques collaborateurs, mais levier collectif. Dans l’hôtellerie, la santé, le retail, les services financiers, l’enjeu est immédiat, car chaque interaction client est une interaction linguistique. Cela dit, même les secteurs historiquement domestiques voient leurs chaînes de valeur s’internationaliser : fournisseurs, partenaires, support, logistique. Le monolinguisme se transforme en danger structurel. Le rapport mentionne ici un nouveau rôle pour les leaders L&D : « architectes de l’intelligence linguistique » de l’entreprise… On pourra trouver la formulation pompeuse (ces dernières années, les architectes semblent se multiplier dans tous les champs du Digital Learning), mais l’idée mérite qu'on s'arrête à ce nouveau rôle notamment chargé de prioriser les populations cibles, de sélectionner des langues clés, d'identifier des usages critiques, de définitr les indicateurs de succès et, plus généralement, de structurer une politique linguistique plutôt que de gérer un catalogue de cours. L’étape suivante consistera à articuler cette politique avec la culture managériale, la mobilité interne, la gestion des talents et l’expérience employé. Le message central du rapport du Corporate Learning Network s’impose sur ce fond commun : la langue n’est plus un vernis, c’est une condition d’efficacité organisationnelle. Les entreprises qui l’ont compris accélèrent. Les autres subissent — parfois sans même identifier la cause de leurs frictions internes et commerciales.

Source : 3 in 4 Organizations Value Multilingual Talent. What’s Holding Training Back?

Par la rédaction d’e-learning Letter

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